Les graffiti des marins de la Royal Navy

Français et Anglais s’opposent régulièrement au cours du XVIIIe siècle dans le cadre de luttes d’influence en Méditerranée et aux Amériques. Le château garde la mémoire des guerres de Sept Ans (1756-1763) et d’Indépendance des États-Unis (1775-1783).

Les navires ennemis et leurs équipages sont saisis lors de combats en Méditerranée pour la possession d’îles stratégiques. Les soldats de la Royal Navy sont envoyés à l’arrière du front, aux forts d’Antibes, de Saint-Tropez, au fort Lamalgue à Toulon et au château de Tarascon. Enfermés, les marins couvrent les murs de graffitis, particulièrement en 1757 et en 1778-1779. Prisonniers de courte durée, ils sont ensuite libérés car ils servent de monnaie en échange contre des prisonniers français capturés par les Britanniques.

Durant leur incarcération à Tarascon, les détenus étrangers gravent leurs noms et ceux de leurs navires. Ils dessinent des brigantins, de pinques et de chebecs corsaires, bateaux de guerre munis de batteries de canons, caractéristiques du XVIIIe siècle.

D’anciennes clefs, des restes de nourriture (os de bœufs, de moutons), des vestiges de pots, des bouts de vêtements et d’anciens souliers, etc. ont été découverts dans les plafonds de certaines salles du château. Ces objets témoignent des difficiles conditions de vie dans la prison de Tarascon au fil des siècles.

Le corpus de graffiti autour de l’univers naval du château de Tarascon est tout à fait exceptionnel et s’inscrit dans la droite ligne de sites comme les châteaux d’Angers ou les tours de la Rochelle. Entre archives précieuses et témoignages intimes, ils donnent à voir une histoire différente, une autre vie du monument, en complément avec le siècle précieux du château des princes.

POUR ALLER PLUS LOIN :
Les graffiti navals du château de Tarascon XVe-XVIIIe siècles

VISUELS : 

Diaporama
Combat sur mer XVIIIe s. Louis Nicolas Van Blarenberghe. Paris, musée du Louvre, D.A.G. ©RMN/Gérard Blot
Graffiti de la période révolutionnaire. 1798. Château de Tarascon ©Hervé Hôte